Une heure en ville
D’après l'œuvre de Franz Kafka
Conception et mise en scène Frédéric Constant
Il s’agit d’une expérience où public et comédiens sont réunis dans un même lieu : un vaste hall, un gymnase, une cour d’école… Les différents espaces (les pièces d’une maison, les rues d’une ville…) ne sont qu'indiqués par la scénographie et délimités par la lumière.
Les spectateurs, par petit groupe, accompagnent un personnage dans cette ville imaginaire. Ils suivent son parcours, comme s’ils s’attachaient aux pas de quelqu’un dans la rue.
Le spectacle raconte les tranches de vie de sept personnages qui se croisent et dont les destins sont ou non liés. Sept personnages, sept histoires.
Le spectacle dure une heure et il y a deux ou trois représentations par soir.
Conception et mise en scène : Frédéric Constant
Dramaturgie : Xavier Maurel
Collaboration artistique : Catherine Pietri
Avec :
Sophie Affholder Jacob / Madame Véronique
Véronique Affholder / Mademoiselle Catherine
Jérôme Allart / Monsieur Serge
Serge Castelli| / Monsieur Jérôme
Dominique Clermont / l'appariteur
Frédéric Constant / Monsieur Daniel
Guillaume Junot / Monsieur Pierre
Daniel Martin / Monsieur Guillaume
Philippe Morier-Genoud / L'organisateur
Catherine Pietri / Mademoiselle Sophie
Pierre Poirot / Monsieur Frédéric
Scénographie et costumes : Muriel Delamotte et Anne Deschaintres
Création lumières : Jérôme Allart
Régie générale : Serge Castelli
Coordination technique : Benoît André
Administratrice de production : Dominique Clermont
Création vidéo : Guillaume Junot et Frédéric Constant
Régie plateau : Yvon Chariot, Thierry Chevalier, Gilles Roux
Régie Lumières : Zinedine Gheziel
Régie son : Stéphane Daubies, Martial Gadin
Habilleuses : Geneviève Chevereau, Sylvie Nectoux
Construction : Atelier de la Maison de la Culture de Bourges : Nicolas Bénard, Antonin Chaumet, Didier Roger, Eric Vincent
Atelier de la Maison de la Culture de Bourges
Coproduction : Maison de la Culture de Bourges, Les Affinités Electives
Le projet
Origine
Le projet d’Une heure en ville est né d’une improvisation lors d’un des laboratoires de création de Titanic City. Nous répétions alors aux anciens Moulins de Paris derrière la gare d’Austerlitz.
Au cours de cette improvisation, nous suivions un comédien qui jouait le rôle d’un écrivain qui, pour arrondir ses fins de mois, permettait aux spectateurs de le suivre dans une de ses journées. Il ne nous adressait pas la parole. Nous le suivions de la sortie de son travail à chez lui. En chemin, nous croisions son ex petite amie, des confrères plus ou moins fortunés que lui, un chauffeur de taxi…
Ce qui m’avait frappé lors de cette improvisation, c’est le rapport particulier que j’avais eu en tant que spectateur avec ce qui se passait devant moi.
J’avais le sentiment de me trouver devant un événement qui pouvait vivre en dehors de ma présence. J’étais dans un monde, avec sa réalité propre, et je n’en voyais qu’une partie.
Le quatrième mur, qui habituellement sépare plus ou moins le plateau de la salle, était ici d’une autre nature. Nous existions pour les êtres qui évoluaient devant nous, mais plutôt comme une présence mystérieuse, incongrue. Il en résultait un trouble né de notre intrusion dans l’intimité de ces personnages.
La proximité avec le public offrait aux comédiens des possibilités de jeu d’une grande finesse.
Quand s’achevait la rencontre entre l’écrivain que nous suivions et un autre personnage, celui-ci ne sortait pas de scène, comme cela se fait habituellement au théâtre, c’est nous qui le quittions. Cela leur donnait, une plus grande réalité. Je voulais savoir qui ils étaient, quelle était leur vie, où ils allaient. J’avais le désir de les suivre.
Je n’ai jamais retrouvé ce sentiment d’“immersion dans l’intime”, et c’est ce que je propose de développer dans Une heure en ville.
Première ébauche
Le lieu dans lequel se produit le spectacle est un vaste espace de plain-pied, comme un gymnase, un marché couvert, une cour d’école ou un grand plateau de théâtre.
Dans cet espace a été figurée une ville, ou du moins un quartier.
Une scénographie entre le simple marquage au sol et le cloisonnage d’un décor réaliste.
Il s’agit en effet que les spectateurs se rendent compte qu’il se passe ailleurs autre chose et qu’ils n’y ont pas accès. Ils seront donc par moments isolés avec le comédien qu’ils suivent, et à d’autres moments ils verront ou entendront l’extérieur, c’est-à-dire les autres parcours. La lumière, le son et la vidéo permettront aussi de créer des lieux, des ambiances, des transparences et des opacités.
Il est important aussi que la distance des déplacements des spectateurs soit courte.
Une heure en ville a été créé le 2 octobre 2012 dans l'ancien hôpital Baudens de Bourges.
Ce spectacle interroge la pratique même du théâtre et sa fonction en tant que miroir tendu à la nature. Il interroge la représentation du réel, ce que la télévision a pris à son compte en mettant en scène une réalité artificielle dans laquelle évoluent des êtres de chair sous l’œil du téléspectateur. Il n’est pas question ici de trancher sur le bien fondé de la télé-réalité, mais de faire apparaître le fondement même de cette pratique, celui de l’observateur caché, du voyeur invisible qui se délecte de regarder comment les gens vivent, et d’en découvrir les effets : exhibitionnisme, disparition de la sphère privée… Autant de ressorts de jeu et de situations pour notre pièce.
Mais quelle réalité allons-nous représenter sur la scène ?
Au cours des premiers laboratoires de création, nous avons écarté l’option de la quotidienneté, afin d’éviter les travers de l’anecdotique. Nous voulons privilégier la fiction porteuse de sens : du faux pour montrer le vrai. Et c’est vers l’œuvre de Franz Kafka que nous avons décidé de nous pencher pour y puiser notre matière première.
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LA TERRASSE, le 20 octobre 2012 - N° 202 par Manuel Piolat Soleymat
Sept personnages surgis de l’univers de Franz Kafka nous embarquent, une heure durant, dans les méandres de leur vie. C’est Une heure en ville, un spectacle déambulatoire de Frédéric Constant. Rendez-vous au cœur de l’humain.
(...) C’est là, dans une ville imaginaire très inspirée – une rue, un café, un tribunal, d’étranges passages, des intérieurs d’appartements – que vivent Mademoiselle Sophie, Monsieur Guillaume, Madame Véronique et les autres. Témoins de leurs émois, de leurs espoirs, de scènes d’un quotidien pas toujours rose, nous nous promenons d’espace en espace, à deux pas de celle ou de celui dont le destin vient de nous happer. Un peu comme dans l’un des ces contes où un lecteur, projeté dans un livre, prend subitement part à l’histoire qu’il était jusque-là en train de lire.
Nous nous laissons ainsi emporter sans résistance. Cette heure de déambulation théâtrale aura le charme poignant d’une rêverie sensible, d’une échappée poétique. On sourit, on se trouble, on observe, on est saisi par la brutalité d’une épreuve ou la profondeur d’une introspection. On devine, au passage, des extraits du Château, du Procès, du Journal, d’Un Rapport pour une académie, de La Métamorphose… On entend, au loin, les manifestations d’autres vies, d’autres êtres, les échos d’autres moments de théâtre que nous ne verrons pas. Et c’est très beau. Comme si la frontière séparant le monde de la fiction du monde de la réalité n’était plus qu’une membrane incertaine et poreuse. Transportés dans cette cité kafkaïenne, nous en devenons nous aussi, pour une heure, les vivants personnages.
RADIO RESONNANCE, le 3 octobre 2012 par Michel Pinglaut
Le "Petit Larousse"définit l'univers de Kafka comme basé sur l'absurdité et l'illogisme. Le spectacle "Une heure en ville" offert par Frédéric Constant va beaucoup plus loin.
(...) Le projet d'"Une heure en ville" est né d'une improvisation pour "Titanic city " donné à Bourges à l'aube du XXI ème siècle. Frédéric y a vu un rapport nouveau entre le spectateur et le comédien.
Il s'agit donc de convier à suivre, par petits groupes de dix personnes, un comédien‑personnage, durant une heure de sa vie. Il faut choisir, au départ, un des sept rôles de la pièce et le suivre à travers l'ancien hôpital Baudens, complètement désossé en son état actuel.
(...) Nous sommes devenus spectateurs voyeurs d'une heure de vie du personnage, qui rencontre les autres protagonistes dans un puzzle théâtral.
(...) Nous, spectateurs, nous devons affiner notre écoute et notre vision des présences, des aléas, des émotions, des silences, des regards, des éloignements. Nous avons droit au même plaisir que celui éprouvé devant les trois dimensions d'une sculpture mais là, nous avons droit à cette bon dieu de vie en ville, nous imaginant en lieux d'intérieur ou d'extérieur, tout en étant toujours à Baudens, avec des échos des autres vies et déambulations.